La Maisonnée des tout-petits

A la fois salle de jeu pour les moins de 4 ans et espace de détente pour les parents, la Maisonnée de la rue Kageneck à Strasbourg est un lieu d'accueil à découvrir.

Des grandes baies vitrées donnent sur la rue et offrent le spectacle d'enfants jouant à qui mieux mieux. Des petits qui courent, sautent, crient, rient, pleurent. D'autres qui passent du tricycle ou de la séance de coloriage à la lecture des livres mis à leur disposition, hésitant parfois devant la profusion de jouets à leur portée.
Mais que l'on ne s'y trompe pas. La Maisonnée n'a rien d'une halte-garderie. Ni d'un centre de consultation infantile. Inauguré en 1986 par la psychanalyste Françoise Dolto, ce lieu d'accueil parents-enfants est directement inspiré de la Maison Verte que la papesse de la parole de l'enfant a créée à Paris à la fin des années 1970.
Son principe ? « La Maisonnée est un lieu de socialisation avant l'école. Avec la présence rassurante du parent, il prépare aux séparations nécessaires que l'enfant sera obligé de surmonter dans sa vie sociale. Nous ne cherchons pas à normaliser les enfants mais à ce qu'ils soient bien dans leur corps et qu'ils n'angoissent pas lors de cette séparation », commentent les « accueillantes » du jour, Myriam Zaloszyc et Line Kieffer. A noter que les membres de l'équipe, des professionnels de la petite enfance, psychologues ou pédopsychiatres pour l'essentiel, travaillent en binôme toujours le même jour de la semaine.
Dans les faits, la Maisonnée accepte n'importe quel adulte accompagné d'un enfant de moins de 4 ans. Aucune inscription préalable n'est exigée. L'on y vient quand on veut et pour la durée choisie. A l'arrivée d'un enfant, l'un des accueillants note son prénom sur le tableau accroché à l'entrée tandis que l'anonymat des adultes est de rigueur.
Originale, conviviale, informelle
Des parents détendus qui papotent entre eux en surveillant du coin de l'oeil les jeux des enfants. Des adultes qui s'échangent des informations pratiques sur le sevrage, l'apprentissage de la propreté, la jalousie de l'aîné. Des accueillants qui sont là, à l'écoute de tous sans toutefois se draper dans la posture distante du psychanalyste ni dans celle du conseiller omniscient. Des enfants évoluant dans cet espace de liberté et de rencontres dédié au jeu. Voilà en quelques mots le tableau qu'offre la Maisonnée, une structure originale et conviviale qui ne s'appesantit pas d'un fonctionnement formel.
« C'est un espace où les enfants se sentent bien. Et ça marche. Mon grand fils, Pierre, n'avait jamais été en collectivité et il n'a pas eu peur à l'école » explique une fidèle qui cherche à faire profiter sa benjamine, la petite Alexia, 11 mois, de l'existence de ce « parc fermé ».
Seules trois règles intangibles régissent la Maisonnée. La première, c'est la présence obligatoire et continue de l'adulte. Les deux suivantes concernent les enfants : interdiction formelle de jouer avec l'eau du bac pour celui qui n'a pas revêtu un tablier et défense absolue de venir fouler le tapis avec son tricycle, petit camion en plastique et autre engin mis à disposition dans une autre salle. Ou quand le jeu permet de découvrir aussi les contraintes de la vie en société.
Patricia North