La pédagogie de Françoise Dolto a fait des petits. A Strasbourg, « La Maisonnée » accueille depuis vingt ans des parents désireux d'enrichir leurs relations avec leurs enfants. L'exemple a fait quelques émules en Alsace, même si le modèle reste inimitable.
« La Maisonnée » et son équipe ont grandi en expérience depuis 1986. Deux années avant la disparition de la célèbre psychanalyste François Dolto, des pionniers en terre alsacienne avaient ouvert cette structure originale de détente et d'échanges parents-enfants (jusqu'à 4 ans).
Dix à vingt enfants viennent jouer chaque jour dans le local « historique », rénové depuis peu. « Beaucoup de tout-petits sont régulièrement gardés à l'extérieur de chez eux. Quand ils arrivent à La Maisonnée, ils ne sont pas désorientés, car leur père ou leur mère reste avec eux, constate Marie-France Goulon, psychiatre. Les enfants sont libres, mais savent qu'il faut obéir à quelques règles précises -ne pas jouer avec l'eau si l'on n'a pas revêtu un tablier de protection par exemple-, sans être excessivement contraignantes. »
Pas de réponse toute faite
L'originalité de « La Maisonnée » demeure intacte depuis sa création : ce n'est ni un lieu destiné aux enfants en grandes difficultés, ni un endroit pour résoudre de lourds problèmes relationnels parents-enfants. Plutôt une structure d'écoute et de loisirs, qui contribue évidemment à prévenir les conflits graves. « Que l'on ait un questionnement ou pas, l'accueil est ouvert à tous », insiste Christiane Simon-Lang, psychologue, vice-présidente de l'association de gestion. « Dans sa diversité, l'équipe de professionnels qui se relaie présente une originalité : chacun des membres qui la compose ne propose pas de réponse toute faite sur une situation précise. C'est un principe essentiel, en référence à Françoise Dolto ».
Chaque passage des familles et de leurs petits est relativement long : entre 1 h 30 et 2 h sur le site, sans barème de paiement imposé. « La Maisonnée » fonctionne à plus de 90% sur subventions publiques (ville de Strasbourg, conseil général) ou aide de sponsors. Les mères sont majoritairement présentes, les pères aussi (plus souvent le samedi). Les grands-parents disponibles sont également les bienvenus. Certaines futures mamans sont invitées à profiter de leur congé maternité pour venir faire un petit tour...
Sans être rigoureusement calqués sur les mêmes principes, d'autres lieux d'échange commencent à essaimer : à Obernai, « Le square des petits », qui va fêter ses cinq années d'existence, et où quatre personnes de l'équipe de « La Maisonnée » interviennent régulièrement, « La Parloterie » à Bischheim, « Le petit abri » à Rosheim. Une équipe est prête à démarrer à Colmar. Elle a même trouvé le nom (« La Bobinette »), mais pas de financement public.
Laurence Rey
© Dernières Nouvelles D'alsace, Dimanche 12 Mars 2006. - Tous droits de reproduction réservés