A Colmar, l'association La Bobinette se démène pour créer un lieu d'accueil parents-enfants, à l'image de la « maison verte » imaginée par Françoise Dolto. La Maisonnée, à Strasbourg, et le Square des petits, à Obernai, fonctionnent déjà sur ce modèle. Avec succès.

« Un lieu comme ça, c'est vraiment important. On s'en rend compte à chaque fois qu'on ouvre la porte », témoignent Christiane Simon-Lang et Jeannine Geiss, fondatrices toutes deux de la Maisonnée, à Strasbourg, sur le modèle de la « maison verte », inaugurée par Françoise Dolto elle-même il y a 21 ans...
Le principe est simple : l'enfant de moins de quatre ans vient y passer un moment avec sa mère, son père, un grand-parent, une nourrice. L'enfant décide lui-même du moment où il va s'en détacher pour aller jouer avec les autres et faire ses premiers pas dans la collectivité, mis en confiance par la présence du parent.
L'idée, c'est de le socialiser à son rythme, de prendre le temps de se séparer...
Un chemin vers l'autonomie qui peut commencer dès les premiers jours de la vie. « L'idée, c'est de le socialiser à son rythme, de prendre le temps de se séparer... » Une démarche qui facilitera le cas échéant l'entrée à la crèche ou à l'école.
Pendant ce temps, l'adulte qui l'accompagne peut (ou pas) confier ses soucis, et se sentir moins seul : « Le vôtre non plus, il ne dort pas ? ». « Les personnes peuvent dire quelque chose de leur anxiété. Ici, on entend vraiment dire qu'être parent ce n'est pas facile. Mais dès que ça se partage, c'est complètement différent », estiment les deux accueillantes « historiques » de la Maisonnée.
Deux personnes, différentes chaque jour de la semaine, sont à l'écoute, notamment grâce à leur formation psychanalytique. « On remet en mots, on s'adresse à l'enfant », explique Christiane Simon-Lang. Il suffit parfois de parler pour éviter de traîner plus tard de gros problèmes.
« On joue un rôle de tiers, on rappelle les règles », poursuit-elle. « Beaucoup de parents n'osent plus dire non », renchérit Jeannine Geiss. Il ne faut pas croire, sous prétexte que Dolto insistait sur l'importance de la parole, qu'elle militait pour une éducation sans contraintes. Au contraire. A la Maisonnée, deux règles obligent l'enfant et l'adulte à prendre position : mettre un tablier pour jouer à l'eau, et ne pas rouler avec les petits vélos dans l'espace réservé aux bébés.
« Le cadre qu'a imaginé Dolto, c'est génial !, s'extasie Jeannine Geiss. C'est toujours d'actualité, peut-être encore plus maintenant, car les parents se retrouvent seuls. » Elle pense notamment aux familles monoparentales, à celles qui, ayant emménagé depuis peu, ne connaissent personne, ou aux mamans qui se retrouvent face aux désillusions du congé parental.
Près de 2 000 enfants viennent chaque année à La Maisonnée, et pas seulement des Strasbourgeois : on y arrive de Wasselone aussi bien que de Lapoutroie. Le lieu associatif, subventionné par la ville de Strasbourg, le conseil général du Bas-Rhin et la caisse d'allocations familiales, a aussi ouvert une structure il y a 6 ans à Obernai : le Square des petits. Réclamé à l'époque par les professionnels de la petite enfance de la ville, l'endroit ne désemplit pas.
« Dans le Haut-Rhin, cela n'existe pas encore, or ces lieux nous paraissent essentiels dans la prévention des difficultés de la petite enfance », explique Doris Zoll, présidente de l'association La Bobinette. Elle porte depuis trois ans le projet d'une maison verte à Colmar. « L'association est prête. Il ne manque que les subventions. »
Charlotte Dorn

© Dernières Nouvelles D'alsace, Jeudi 11 Octobre 2007. - Tous droits de reproduction réservés