La psychanalyste Sylviane Giampino rencontrera parents et professionnels de la petite enfance demain à 20 h à la médiathèque de la rue Kuhn. Elle est invitée par l'association strasbourgeoise la Maisonnée.

« Ça suffit de dire que les parents ne sont pas capables, qu'ils sont démissionnaires », estime la psychologue Christiane Simon-Lang, l'une des psychologues de la Maisonnée à Strasbourg, sur le modèle des maisons vertes de Françoise Dolto. En revanche, oui, certainement, « ils ont besoin d'être rassurés » notamment face à la pression d'excellence. « Maintenant, il y a des bulletins scolaires en maternelle. On parle même des "compétences" du bébé. »
Dans une atmosphère anxiogène, où les éducateurs (parents, enseignants) sont souvent discrédités, la Maisonnée veut faire entendre un discours qui tranche, celui de la psychanalyste et psychologue Sylviane Giampino, invitée demain soir à la médiathèque de la rue Kuhn.
« On ne doit pas trop tôt classer, catégoriser les enfants, parce qu'ils sont en train de se construire », explique celle-ci, qui vient de publier « Nos enfants sous haute surveillance » avec la neurobiologiste Catherine Vidal.
Marchands de rêve
« Les montreurs d'images, les diagnostiqueurs d'enfants et prometteurs de pilules sont accueillis comme des marchands de rêve », y écrit-elle. Le rêve ? Entrer à tout prix dans la norme. Et gare à ceux qui en dévient, constate celle qui s'était aussi engagée en 2006 contre le dépistage précoce des enfants turbulents pour prévenir la délinquance. Le mouvement « Pas de zéro de conduite pour les moins de trois ans », avec 200 000 signatures, avait fini par faire reculer le gouvernement.
L'enfant doit pouvoir surprendre, changer
Il faut laisser le temps aux enfants d'être des enfants, rappelle en substance Sylviane Giampino. Non, rien n'est joué avant trois ans. Non, rien n'est jamais figé pour la vie. « Les parents doivent faire attention à ce que le futur de leur enfant reste toujours ouvert, confie-t-elle. L'enfant doit pouvoir surprendre, changer. »
« Je trouve dommage qu'on s'entiche de méthodes de prévention psychologiques venues d'outre-Atlantique, où elles sont d'ailleurs remises en question actuellement, alors que nous avons en France inventé des façons plus efficaces, plus profondes, de faire de la prévention psychologique, qui respectent d'avantage le sujet, la relation parents-enfants. Les lieux d'accueils parents-enfants comme la Maisonnée sont pour moi parmi les meilleurs outils de prévention », déclare la psychanalyste.
Le débat promet d'être passionnant demain soir. Il est ouvert aux parents, aux professionnels de l'enfance et à tous ceux qui s'intéressent au développement de l'être humain.
Charlotte Dorn

© Dernières Nouvelles D'alsace, Mercredi 07 Octobre 2009. - Tous droits de reproduction réservés