Depuis un an et demi, une équipe de douze personne composée de psychologues, psychiatres, psychothérapeutes, etc, se réunit régulièrement pour édifier un projet neuf qui n’a pas son équivalent dans le domaine de la petite enfance et dans la région. L’APEPS (Association Petite Enfance Parentalité et Socialité), dont le siège est à Strasbourg, soutient le projet qui a beaucoup de point communs avec “La Maison Verte” que Françoise Dolto a ouverte à Paris en Janvier 1979.
“La Maisonnée”, c’est ainsi que s'appellerait ce lieu dont la vocation est de combler une lacune dans l’accueil des enfants de 0 à 3 ans . Ni crèche, ni halte garderie, “La Maisonnée” permettrait aux tout-petits de quitter leur univers familier et familial tout en étant sécurisés par la présence d’un accompagnateur. Celui-ci pourrait être le père ou la mère, l’assistante maternelle, les grands parents...Peu importe, l’essentiel c’est que “La Maisonnée” puisse permettre à un enfant de vivre des expériences à lui : découverte de la socialisation avec d’autres enfants, découverte d’un autre lieu.
C’est Françoise Dolto qui, la première, a réalisé à quel point la première séparation ( qu’elle se passe à la crèche ou plus tard à l’école maternelle) pouvait être éprouvante pour le psychisme des enfants. C’est elle qui a pensé qu’on pouvait mettre en relation cette expérience toujours douloureuse et d’éventuels troubles survenant plus tard. C’est enfin elle qui a estimé que la meilleure action, c’était la prévention.


On parle à l’enfant
A “La Maison Verte” à Paris, on parle d’abord à l’enfant. Même si celui-ci n’a que quelques jours, il est un être à part entière dont l’équipe connait le prénom (pas le nom), l’âge, le sexe. A “La Maison verte”, les enfants jouent entre eux ou avec les animateurs. Les accompagnateurs bavardent entre eux ou avec les animateurs. A Strasbourg, le même schéma sera respecté : écoute et disponibilité. “Les parents pourront venir là en étant préoccupés par un symptôme (insomnie des enfants, énurésie, trouble de l'appétit, etc.) mais ce n’est pas là la fonction première du lieu.” Lieu de rencontres, “La Maisonnée” servira en fait de cadre aux types d’échanges qui existent déjà dans les parcs publics autour des bacs à sable. “Avec des différence de taille ! Précise l’équipe. Dans un parc, les rencontres sont éphémères, liées au hasard et les conversations sont trop superficielles pour amener une aide aux parents le souhaitant. Dans un parc il y a souvent des conflits entre enfants qui ne sont pas examinés avec objectivité par les parents.”
Enfin la fréquentation des parcs à Strasbourg est conditionnée par la météo et donc limitée à quelques mois par an. 3 La Maisonnée”, elle, serait ouverte de 14h à 19h (donc après les heures de travail pour nombre de gens); elle accueillerait aussi bien les enfants avec des parents qui travaillent que ceux dont la maman reste à la maison. Car il y aurait beaucoup à dire sur l’isolement en ville et dans les banlieues de nombreuses “mères au foyer”. “La Maisonnée” leur permettrait de lier des contacts et à leurs enfants d’en faire autant. Quant aux parents séparés et à leurs enfants, l’APEPS pense aussi avoir un rôle à jouer vis-à-vis d’eux : “On peut penser qu’il serait bon qu’un enfant fréquente un même lieu de détente où il pourrait passer un moment de temps en temps avec son père ou sa mère, éventuellement les deux.”
Dans l’immédiat, l’association a déposé son dossier auprès des différentes instances concernées. En espérant que celles-ci comprennent son caractère unique et précieux pour le mieux être des touts-petits.

Marie BRASSART-GOERG.
DNA le 27 Octobre 1983