Tout se joue pendant la petite enfance. De plus en plus, les professionnels s’accordent la dessus et redescendent de plus en plus loin vers les premiers mois de la vie, voire la période prénatale, lorsqu’il faut expliquer un problème chez l’enfant. Mais paradoxalement, c’est pour la petite enfance qu’il y a le moins de structures. Depuis bientôt 3 mois, il en existe une à Strasbourg, “La Maisonnée”.
Pour les 0 à 3 ans, un lieu de rencontre, d’échange, de détente et de jeux” dit l’affiche. “Un lieu où l’enfant puisse vivre ses expériences de socialisation accompagné par l’adulte” complète Bernadette Krausener. Elle fait partir de l’équipe de 14 professionnels de la petite enfance - professeur, psychologue, éducateur, pédiatre, psychiatre…- qui se repartissent les permanences, à raisons de 2 personnes par après midi. “ Nous avons mis 4 ans à réaliser notre projet” dit elle. Quatre ans de réflexions et de démarches, avant de se jeter à l’eau. Car l’équipe sait qu’elle ne pourra tenir qu’un an avec les moyens dont elle dispose pour le moment. Mais il fallait bien commencer un jour…
“La Maisonnée” fonctionne comme la “Maison Verte” à Paris, réalisation connue surtout grâce à son instigatrice Françoise Dolto (auteur de nombreux ouvrages sur l’enfance). “Souvent au cour de la petite enfance il y a des difficultés qui peuvent très bien passer toutes seules. L’enfant refuse de manger, a du mal à trouver le sommeil, etc. Choses que toute maman connait. Mais il arrive que ces difficultés s’installent et deviennent symptômes. Or plus on peut rencontrer les enfants jeunes, plus on arrive à soulager certaines situations” explique Bernadette Krausener. Selon elle, beaucoup de problèmes proviennent de l’isolement social des parents : l’évolution, l’habitat, le mode de vie font qu’ils sont de moins en moins souvent proches d’un membre de la famille, par exemple d’une grand-mère ou d’une cousine pouvant donner des conseils concernant l’enfant.
A “ La Maisonnée” on facilite les contacts. Contacts entre enfants, contacts entre enfants et parents. Père ou mère s’installe dans un fauteuil ou sur un banc, tandis que le rejeton va (ou non ) vers les enfants présents ou les jouets. “Le parent peut se détendre, nous parler s’il le veut, se taire s’il le désire. C’est un peu comme dans un jardin public….” Certaine mère bloquée sur son gamin réalise à “ la Maisonnée” que d’autres enfants existent et “lâche un peu” la grappe au sien; certain père se prend à participer à un jeu de ballon, un parents se met à parler de l’agacement que lui inspire sa fille.
“La personne principale ici reste l’enfant. Il est accueilli le premier, son prénom est inscrit au tableau et y rste jusqu’au soir, même s’il part : il s’inscrit en quelque sorte dans la réalité du lieu”. Qu’on fréquente gratis, soit dit en passant.
Depuis l’ouverture, il y a des gens qui viennent régulièrement. D’abord, seuls avec l’enfant, puis avec une amie, une voisine. “Le bouche à oreilles commence à fonctionner” dit Bernadette Krausener. “ Maintenant on attend quelque chose de “La Maisonnée”… Cette “prématernelle” ou “précrèche” a vu passer quelque 400 enfants depuis sa création. Les 14 permanents fonctionnent à raison d’une après midi par semaine, car ils ont tous un travail par ailleurs. Ils sont rémunérés et leur réalisation relève du ministère de la santé.
La municipalité de Strasbourg et la fondation de France ont versé des subventions, les instances régionales ne se sont pas encore intéressés au dossier. Pourtant, un tel lieu a sa raison d’être, la “Maison Verte” de paris et un endroit similaire à Lyon le montrent. “Nous sommes les premiers dans l’Est, mais des projets existent dans d’autres régions”. Malgré son “espérance de vie limitée”, “La Maisonnée” de Strasbourg souhaite bien s’implanter solidement, avec le temps, et vivre plus longtemps qu’une petite enfance…
Susanne MAYER
13, rue Kageneck, tél : 88.22.30.54
Ouvert de 14h30 0 18h30 sauf dimanche et mardi